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Focus spécial Guyane



  L'épicerie Ti Dégra de Cayenne : "Ensemble, partageons la même humanité"

L'épicerie a ouvert ses portes en octobre 2008, sous la houlette de sa présidente Heinricka Innocent. Une trentaine de bénéficiaires viennent y faire leurs courses de première nécessité. Mais au sein même de la structure, sept adultes tentent de se réinsérer dans le monde du travail. Focus sur cette épicerie qui pratique également l'insertion par l'activité économique.
Repères
La structure est financée par la DSDS,
le Conseil Général (ADI), le Conseil Régional, la Caisse Générale de Sécurité Sociale, les mairies de Cayenne (dont le CUCS) et de Matoury.

Joindre l'épicerie
Association Epicerie Solidaire Guyanaise
10, rue des Senteurs - LOT. Lac Maillard
97355 MACOURIA

e-mail

Mu Yuck, Pierre et Christine rangent paquets de cérélales et petits pots pour bébé dans les rayons. Leurs parcours sont quasiment similaires. Entre trente et quarante ans, ils se sont brutalement retrouvés au chômage. Difficile alors sans qualification de retrouver un emploi. A Ti Dégra, sous contrat d'avenir, ils aident à l'épicerie pour la mise en rayon ou à la caisse. Et reçoivent une formation pour atteindre leur objectif : améliorer leur connaissance du français ou décrocher un diplôme dans la vente.

Avec cette intégration de personnes en insertion dans le fonctionnement même de l'épicerie, tous y trouvent leur compte. "Ici, on aide les gens qui en ont besoin. On les comprend parce que nous aussi il a fallu nous aider" résume Mu Yuk. Et les bénéficiaires apprécient.
La vocation de l'épicerie est aussi de permettre de créer du lien. Nadège et Gina ne se connaissaient pas. Mais depuis plusieurs semaines, il leur arrive régulièrement de faire leurs courses ensemble à Ti Dégra. Les deux jeunes femmes suivent divers ateliers qui vont les aider à se remettre à flot au niveau financier : comment gérer un budget, comment préparer un repas à moindre coût. Elles appliquent avec leurs enfants les conseils de cuisine reçus à l'épicerie : faire de la purée avec de "vraies" pommes de terre ou des crèpes plus légères. Un comportement qu'elles comptent continuer à avoir même lorsque leur situation financière se sera améliorée et qu'elles n'auront plus besoin de Ti Dégra.


Les difficultés d'approvisionnement en Guyane

Ces derniers mois, les difficultés de la vie chère rencontrées dans les DROM ont été à la Une de l'actualité française. Retour sur cette problématique particulière à l'Outre-mer où les denrées alimentaires sont en moyenne 30% plus chères qu’en métropole.

La majorité des produits est importée. Le coût élevé de l'importation est lié en partie au fait que les Guyanais exportent peu. Ils sont donc contraints de payer des conteneurs aller-retour avec un retour en métropole le plus souvent à vide.
Il y a peu d’entreprises de transformation ou conservation de denrées alimentaires et certaines ne tournent pas au maximum de leurs capacités, en particulier à cause du surdimensionnement des machines de transformation que l’on trouve sur le marché industriel, mal adaptées à la taille de la population de ce département.
L’économie agricole repose essentiellement sur des exploitations de type familial, avec de petites quantités de production (hormis le riz). Les grossistes sont donc obligés de multiplier leur sources d'approvisionnement.
Les importations des pays limitrophes sont restreintes par les réglementations et normes de la CEE.

Pour ce qui est des programmes d'aide alimentaire, il n'y a actuellement pas d'approvisionnement du PNAA ou du PEAD. Le projet d'une plateforme logistique est en cours de réflexion, rencontrant des difficultés dans l'application du cahier des charges demandé.

Connaissez-vous le Couac ?
C'est une sorte de semoule faite à partir de farine de manioc qui constitue la base de l'alimentation en Guyane.

Pour l'approvisionnement de Ti Dégra, il a fallu créer un réseau local avec les grossistes de la ville en signant des conventions permettant d'obtenir des dons, d'acheter des produits à moindre coût, de récupérer ceux qui arrivent à DLC courte (avec un délai entre 1 à 15 jours).
Le programme d'approvisionnement 2008 ainsi que le nouveau 2009 "Circuits Courts" de l'A.N.D.E.S permet de développer cet approvisionnement local, tout en adaptant les recommandations nutritionnelles qui lui sont rattachées pour correspondre aux habitudes alimentaires et au marché guyanais.


► Une épicerie itinérante sur le fleuve

De Mana à Maripasoulan, les pirogues de l’association Mama Bobi (Mère nourricière en dialecte local) remontent le Maroni.
Elles distribuent une tonne et demi de vivres par trimestre, principalement à l’occasion de différentes fêtes grâce essentiellement au soutien du Rotary Club de St Laurent du Maroni. Avec le programme 2009 "Circuits Courts", l'A.N.D.E.S espère aider cette structure à développer son approvisionnement sur le fleuve de façon plus régulière.
Parallèlement à l'aide alimentaire, Mama Bobi, en partenariat avec la DSDS, a déjà mis en place de nombreuses actions de prévention et d'information sur la santé, l'équilibre alimentaire, les problèmes environnementaux à destination des populations du fleuve.